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Allongement et fluage d’un cordage : quelles sont les différences ?

Il est parfois difficile de saisir toutes les spécificités d’un cordage. À quoi correspond l’allongement d’un bout ? Qu’est-ce que le fluage ? Pourquoi les confondons-nous ? Dans quelles situations ces propriétés sont-elles essentielles ? Cet article est là pour vous aider à y voir plus clair.

L’allongement ou « l’élasticité » d’un cordage

Définition

C’est un phénomène parfaitement naturel et présent sur tous les cordages : l’allongement correspond à la capacité d’un bout à « s’étirer » une fois mis sous tension. Lorsque la charge de travail n’est plus exercée, le bout revient à sa longueur initiale – c’est pourquoi on parle aussi d’élasticité. Chaque matière possède un coefficient d’allongement plus ou moins élevé qui va donc déterminer son usage lors de la navigation.

Le pré-étirage en usine pour stabiliser le câble

Lors de sa première utilisation, tout cordage va s’allonger légèrement lorsque les fibres qui le composent se stabilisent – c’est particulièrement valable pour les cordes tressées. Afin d’éviter ce phénomène, certains bouts sont « pré étirés » directement en usine : suite à leur conception, ils sont placés dans une machine spécifique qui va les tendre et permettre aux fuseaux de prendre leur forme définitive.

La « longueur du pas » détermine la vitesse à laquelle un fuseau ou toron revient à la même position dans un cordage : plus le pas est long, plus les fuseaux sont parallèles à l’axe de travail du bout, ce qui entraine un allongement plus faible.

Le fluage, une déformation irréversible du cordage

Le fluage correspond à une déformation irréversible de la matière du bout lors de sa mise sous tension : les fibres s’endommagent et le cordage ne parvient pas à récupérer sa dimension initiale. Ce phénomène peut se révéler dangereux car, contrairement à l’élasticité, le fluage modifie directement les propriétés de votre cordage ! Une inspection régulière de vos manœuvres courantes est donc conseillée afin de repérer au plus tôt un fluage excessif de vos bouts.

Les cordages sont en permanence soumis au fluage, surtout lors des premières sorties en mer. Une utilisation traditionnelle d’un bout se situe autour des 20% à 25% de sa charge de rupture, ce dernier fluera donc infiniment – pas la peine de vous inquiéter outre mesure concernant le fluage, mais restez tout de même vigilant. En revanche, le bout doit absolument être remplacé lorsque son diamètre au repos est réduit de plus de 10% par rapport à son diamètre d’origine !

Et donc, quelle matière pour quel coefficient d’allongement ?

L’allongement est à envisager selon l’usage auquel est destiné le bout. Lors du choix des amarres, c’est un critère essentiel : l’élasticité permettra au cordage d’absorber les éventuels mouvements du bateau qui viendraient surtendre momentanément les cordages. On préférera donc les cordages en polyester ou en polyamide, fibres qui présentent de forts coefficients d’allongement (entre 15% et 25%), qui vont éviter que ces surtensions abîment votre accastillage.

Pour des drisses et des écoutes performantes, il faut au contraire réduire au maximum l’allongement pour une bonne tenue des cordages une fois sous tension (et ainsi éviter de voir son guindant se détendre lors de la navigation, par exemple). Néanmoins, il faut choisir une matière en adéquation avec celles qui composent votre bateau, et principalement ses voiles. L’ensemble doit être au maximum homogène et surtout adapté à votre programme de navigation !

De manière générale, le dyneema et le kevlar sont les matières les plus plébiscitées pour les hautes performances avec un allongement inférieur à 1%. Si le kevlar présente une grande résistance au fluage, il reste néanmoins bien plus onéreux que le dyneema. Pour un programme de navigation exigeant, le dyneema est donc un excellent choix !

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